
Dans le cadre du plan d’action pour les médias et l’audiovisuel adopté par la Commission européenne en décembre 2020, Workflowers participe à l’élaboration d’une méthodologie unifiée de mesure des émissions de CO2 du secteur.

Le monde des médias et de l’audiovisuel européen a commencé doucement mais sûrement sa redirection écologique depuis 2 ans. Loi européenne pour le climat, crise du COVID, engagement progressif des acteurs, retour sur le contexte qui a permis l’émergence de cette transition.
Loi européenne pour le climat et crise du COVID, première amorce pour une transition du secteur de l’audiovisuel
C’est en mars 2020 que la commission européenne adopte la première proposition de loi européenne pour le climat suivant les directives des Accords de Paris. Celle-ci fixe un objectif climatique ambitieux et contraignant pour l’Union, visant à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
Cette première proposition de loi intervient dans le contexte particulier de la crise du COVID, qui impacte fortement le secteur des médias et de l’audiovisuel européen.
Déjà en difficulté par rapport à leurs concurrents mondiaux, en particulier à cause de la fragmentation du marché, les faiblesses du secteur sont exacerbées par la crise du coronavirus, avec la baisse des recettes publicitaires, l’effondrement des cinémas et la mise en veille de la production. La crise a également accéléré les grandes tendances en cours depuis longtemps dans le domaine des technologies numériques. Les plateformes de streaming telles que Netflix ou Disney + ont renforcé leur position sur le marché, lancé de nouveaux services et attiré de nouveaux publics pendant les périodes de confinement. Par ailleurs, les médias sociaux comme TikTok, largement basés sur le contenu audiovisuel, ont battu des records de téléchargements, en particulier chez les jeunes utilisateurs.
En parallèle de la crise, les enjeux climatiques font leur place dans le scope d’attention du secteur. En France, fin 2020, des acteurs majeurs annoncent leur volonté de s’inscrire dans une transformation écologique, à l’image du groupe Altice qui communique sur son plan d’action global au service de la transition écologique ou encore un consortium de groupes dont M6, TF1 ou NRJ qui annoncent lors des Etats généraux de la communication, leur volonté commune d’aboutir à la conclusion d’un « contrat media climat » sous l’égide et le contrôle du CSA afin de « rendre compatible la transition écologique et le maintien d’industries créatives souveraines dans notre pays »,
Face aux enjeux tant sanitaires que climatiques, la Commission Européenne s’engage à apporter des réponses aux médias européens afin de les aider à rester compétitifs en stimulant les investissements en vue de faire face à la double transition numérique et écologique. Le plan européen des médias et de l’audiovisuel (MAAP) voit ainsi le jour en décembre 2020.
Le plan européen des médias et de l’audiovisuel, feuille de route pour la transition écologique du secteur
« Vers un secteur audiovisuel neutre sur le plan climatique », le MAAP annonce clairement la couleur dans son « Action 6 », les médias européens devantse mobiliser pour baisser leurs émissions.
Cette directive s’inscrit dans la lignée des objectifs de la loi européenne pour le climat, en proposant des réponses à l’impact environnemental conséquent du secteur qui, contrairement à de nombreuses autres industries en Europe, voit ses émissions de CO2 en hausse constante, en raison de l’augmentation de la consommation de médias, notamment via les plateformes de streaming (plus de 60% des flux internet).
Par ailleurs, elle se veut répondre à une problématique de taille qui freine la transition du secteur : le manque de réponse unifiée et coordonnée. La mesure actuelle des émissions du secteur, avec des calculateurs différents par pays ou même par entreprises, ne permet pas de comparer les résultats ni d’en ressortir des bonnes pratiques. C’est l’intégration de manière plus opérationnelle des enjeux climatiques à travers des méthodes de mesure, des outils, des KPIs et des normes écologiques communes à l’échelle européenne, qui permettra aux acteurs des médias et de l’audiovisuel de baisser leurs émissions plus rapidement.
Une réponse du monde audiovisuel ne se fait pas attendre. Dès 2021, plusieurs grands noms annoncent leurs objectifs de neutralité carbone comme ITV, Netflix, la BBC ou encore Skynews. En France, le CNC lance un plan sur trois ans pour adapter le cinéma, l’audiovisuel et les jeux vidéo aux enjeux environnementaux qui prévoit de conditionner les aides au respect de certaines obligations en la matière. Si ces initiatives individuelles témoignent des nouvelles ambitions écologiques du secteur, elles ne s’inscrivent pas encore dans l’objectif d’une réponse européenne unifiée des médias aux enjeux écologiques.
Workflowers, acteur du travail commun vers une méthodologie unifiée de mesure des émissions
Un groupe de travail est lancé en juin 2021, réunissant des représentants du secteur public et des professionnels de l’audiovisuel. Workflowers et l’ensemble des organisations mandatées (Albert, Ecoprod, Eureca, KU Leuven, MFG, Philip Gassmann, Pro Malaga, Observatoire européen de l’audiovisuel) s’engagent à construire ensemble une méthodologie unifiée de mesure des émissions de CO2 qui devra répondre à un jeu de critères dont : être open source, élargir l’accès à un ensemble simple et facile de normes minimales dans les 27 pays de l’UE, harmoniser les données sur lesquelles reposent les facteurs carbone et les valeurs de référence, s’appuyer sur des facteurs carbone et des repères identiques etc.
L’objectif est de répondre à la directive du MAAP et d’ainsi partager les meilleures pratiques, en convenant d’outils communs et de normes « vertes », afin d’engager la participation de tous les acteurs du secteur dans une démarche de co-construction au niveau européen.
Afin d’acter et officialiser leurs engagements, Workflowers et les autres organisations ont récemment co-signé le « common statement« , fruit de cette collaboration en cours.
Chez Workflowers, nous sommes convaincus que la dynamique de transformation écologique des médias et de l’audiovisuel ne peut se faire qu’en engageant la participation de tous les acteurs du secteur dans une démarche commune, c’est pourquoi nous prenons part à ce groupe de travail. L’action de l’UE et en particulier celle du CNECT (Communications Networks, Content and Technology) est dans ce cadre essentielle pour promouvoir une décarbonation ambitieuse du secteur.
Si le train est en marche, il est indispensable que la dynamique continue et qu’un nombre croissant d’acteurs des médias et de l’audiovisuel se mobilisent à l’échelle européenne et internationale. Les conclusions du groupe de travail permettront, nous l’espérons, d’accélérer la transition mondiale du secteur.
Pour retrouver l’ensemble des informations sur la construction de cette nouvelle méthodologie, consultez le « Common statement ».
N’oubliez pas de nous suivre sur les réseaux : Linkedin, Facebook